L'image de l'hexagramme est la montagne, le plus jeune des fils du ciel et de la terre. Le principe masculin est au-dessus, et suit en cela sa direction naturelle; le principe féminin est au-dessous, conformément à la direction de son mouvement. Un état de repos s'est donc établi, car le mouvement est parvenu à sa fin normale.
Appliqué à l'homme, l'hexagramme traite du problème de la paix du cur à acquérir. Le cur est très difficile à calmer.
Tandis que le bouddhisme s'efforce d'atteindre le repos par la cessation de tout mouvement dans l'état de nirvana, le point de vue du Livre des Transformations est que le repos constitue seulement un état polaire qui a toujours pour complément le mouvement. Il est possible que le texte contienne des allusions à des pratiques de yoga.
Le vrai repos est celui où l'homme s'arrête quand le moment est venu de s'arrêter et se meut quand le moment est venu de se mouvoir. Ainsi le repos et le mouvement sont en harmonie avec les exigences du temps et l'on voit alors naître la lumière et la vie.
L'hexagramme est la fin et le commencement de tout mouvement. Le dos est désigné parce qu'il est le siège de tous les cordons nerveux qui transmettent le mouvement.
Lorsqu'on fait cesser le mouvement de ces nerfs dorsaux, on voit en quelque sorte le moi s'évanouir avec son inquiétude. Quand l'homme est parvenu à une telle paix intérieure il peut se tourner vers le monde extérieur. Il ne perçoit plus en lui le combat et le tumulte des êtres individuels et possède en conséquence le calme nécessaire pour comprendre les grandes lois des phénomènes de l'univers et y conformer sa conduite. Celui qui agit à partir d'une telle profondeur ne commet pas de fautes.
Le cur pense constamment. On ne peut pas changer cela.
Mais les mouvements du cur, c'est-à-dire les pensées, doivent se limiter à la situation vitale présente. Toutes les songeries et les spéculations qui vont plus loin ne font que blesser le cur.
Dans cet hexagramme encore, les deux traits lumineux sont en principe les maîtres du signe. Toutefois la signification de l'hexagramme L'IMMOBILISATION repose sur le fait que la lumière s'arrête.
C'est pourquoi le troisième trait ne joue pas ici le rôle de maître, mais seulement le trait supérieur.
L'hexagramme est l'inverse du précédent. C'est le redoublement de Ken, le plus jeune fils, la montagne. La place de Ken est le nord-est entre K'an au nord et Tchen à l'est.
C'est l'endroit mystérieux où sont le commencement et la fin de toutes choses, ou la mort et la vie passent l'une dans l'autre. La propriété de l'hexagramme est l'immobilisation parce que les forts dont la tendance est dirigée vers le haut sont parvenus au but.
L'hexagramme implique de par sa nature une séparation des deux trigrammes, le supérieur et l'inférieur. Cela est également indiqué par le mouvement divergent des trigrammes nucléaires dont celui d'en haut (Tchen) monte, tandis que celui d'en bas (K'an) descend.
L'immobilisation est la signification de l'hexagramme lui-même, le mouvement est le sens des trigrammes nucléaires, c'est pourquoi l'on explique que le mouvement et l'arrêt accomplis à temps sont l'un et l'autre des aspects du repos : l'un est la continuation de l'état de repos et l'autre la continuation de l'état de mouvement.
L'hexagramme Ken possède un éclat intérieur particulier du fait que le trait lumineux y est au-dessus des traits obscurs et qu'il n'est pas obscurci; d'off l'expression : « Leur cours devient clair et brillant ». Le dos est la partie postérieure du corps, invisible pour le moi, d'où l'immobilisation du dos qui est le symbole de l'immobilisation du moi. Le trigramme inférieur indique cette immobilisation du dos de telle sorte que l'on n'a plus conscience de son corps, c'est-à-dire de sa personnalité. Le trigramme supérieur signifie la cour.
Ses différents traits n'ont aucune relation avec les traits correspondants du trigramme inférieur, c'est pourquoi ces deux trigrammes se tournent pour ainsi dire le dos. Ainsi on ne voit pas les autres hommes dans la cour.
Dans tous les signes doubles les traits correspondants des trigrammes supérieurs et des trigrammes inférieurs ne sont pas en relation de correspondance, et pourtant c'est seulement à propos de l'hexagramme « L'immobilisation » qu'il est expressément fait remarquer que les montagnes ne sont réunies qu'extérieurement alors que dans les autres hexagrammes un mouvement réciproque des digrammes est toujours présupposé.
La raison en est que l'hexagramme« L'immobilisation » représente précisément le contraire du mouvement et de l'échange. Par suite l'enseignement donné par l'image est de se restreindre à ce qui demeure dans les limites de notre situation